Appel à contributions pour le Journal des anthropologues, 168 169
La persistance, dans les débats actuels, d’une conception désocialisée, anhistorique et apolitique du climat pousse à élargir le regard des anthropologues, déjà porté sur une notion renouvelée des « socio natures », vers cet « environnement atmosphérique » mis au coeur des récits contemporains sur le futur de l’humanité et ses enjeux globaux, et pourtant négligé dans son imprégnation sociale et culturelle. Après la mise en question des approches essentialistes sur les « natures humaines et extra humaines » (genre, ethnicité, environnement), l’urgence dite du « changement climatique » sollicite de plus en plus la réflexion théorique e t méthodologique pour penser l’apport d’une anthropologie critique dans l’actuelle conjoncture socio environnementale avec ses changements
accélérés. De fait, des biais subsistent en dépit des acquis de la déconstruction du dualisme nature/culture et de la dénaturalisation des savoirs et des pratiques concernant la nature et ses trajectoires d’incorporation sociale. Il s’agit, d’une part, d’un repli culturaliste imprégné du déni du conditionnement matériel environnemental, et, d’autre part, de la persistanc e d’une primauté attribuée aux données quantifiables d’une science de la nature désincarnée des dimensions socio culturelle et historique.